Esport : est-ce un sport ?

L’esport, n’est-il qu’un divertissement ou véritable sport du 21e siècle ? Cette question suscite autant de débats qu’elle ne crée de passion, car singulièrement, la frontière entre jeux vidéo et sport traditionnel reste étonnamment floue.

Plongeons dans l’examen les arguments pour et contre la reconnaissance de l’esport comme une discipline sportive à part entière, en décortiquant son évolution, ses défis techniques et son influence sur la France aujourd’hui et l’univers du gaming.

Préparez-vous à plonger au cœur d’une bataille féroce autour de sa reconnaissance où joueurs, équipes et enjeux financiers colossaux s’entremêlent !

Sommaire

Qu'est-ce que l'esport ?

Des origines géek à la reconnaissance internationale

L’émergence des compétitions de jeux vidéo prend ses racines au cœur des bornes d’arcade années 80. Ces lieux offraient aux joueurs une arène pour s’affronter sur des titres populaires et c’est là que la pratique des jeux a commencé à se structurer dans le monde.

Pour bien comprendre cette évolution de l’esport, voici quelques jalons historiques ayant façonné son histoire :

  • 1958 : Naissance de « Tennis for Two » le premier vrai jeu multijoueur qui permettait à deux joueurs de s’affronter grâce à un prototype d’ancêtre du joystick moderne marquant les prémices de la compétition vidéoludique.
  • Années 1980 : Apparition des premières compétitions de jeux vidéo dans les salles d’arcade posant les fondations de l’esport avec des jeux comme Space Invaders où les gamers pouvaient se mesurer les uns aux autres.
  • Fin des années 1990 : Démocratisation des jeux vidéo grâce aux avancées technologiques et à la démocratisation d’Internet transformant radicalement le paysage du gaming et traçant la voie à des affrontements en ligne à plus grande échelle.
  • Années 2000 : Prolifération des tournois internationaux d’esport attirant un nombre croissant de participants et avec des dotations attractives signe de la professionnalisation grandissante du secteur.
  • 2018 : L’eSport fait son entrée dans le dictionnaire Larousse entérinant définitivement la reconnaissance institutionnelle et la légitimité croissante de cette pratique comme discipline à part entière.

Ces étapes importantes montrent l’ascension fulgurante de l’esport de ses humbles débuts à sa reconnaissance internationale comme phénomène à la fois culturel et économique mondial. 

De ses débuts modestes à sa reconnaissance mondiale, l’esport incarne une ascension fulgurante.

origines geek ala reconnaissance internationale

Une pratique sportive comme les autres ?

L’entraînement d’un pro-gamer s’apparente à celui d’un sportif de haut niveau ; exige de développer un esprit d’équipe, la maîtrise du stress reste permanente et une coordination continue s’impose et tous ces éléments visent à optimiser les performances en compétition.

La rigueur des entraînements permet aux coachs et préparateurs physiques d’anticiper les pics de forme des joueurs

une pratique sportive comme les autres

Les arguments pour la reconnaissance sportive

Exigences physiques et mentales méconnues

La pratique de l’esport va bien au-delà du simple fait de jouer aux jeux vidéo. En réalité, elle requiert des réflexes ultrarapides avec au bas mot 300 APM (actions par minute). Une coordination œil-main exceptionnelle est indispensable sans parler d’une endurance cognitive.

Ces compétences soulignent la véritable dimension sportive de cette activité.

Saviez-vous que certains coachs sportifs officient main dans la main avec des équipes professionnelles. Ces spécialistes insistent quant à eux sur l’importance de l’activité physique pour doper les performances des joueurs.

Ils conçoivent des programmes sur-mesure conçus pour optimiser leur forme physique et psychique. Le but ? Aider les joueurs à gérer le stress et à affûter leur concentration durant les matchs, qui font toute la différence.

exigences physiques et mentales meconnues

Les limites de l'analogie sportive

Enjeux sanitaires spécifiques

La pratique intensive de l’esport risque de provoquer des troubles musculosquelettiques (TMS) et des troubles oculaires. Ces risques pour la santé relativisent l’enthousiasme pro-reconnaissance.

Pour contrer la fatigue oculaire, on trouve d’ailleurs une méthode appelée la règle des 20-20-20 : toutes les 20 minutes, mieux vair diriger son regard à 20 mètres pendant 20 secondes.

Le paradoxe saute aux yeux : l’esport demande de la performance physique mais s’effectue généralement assis pendant des heures. Les joueurs passent de nombreuses heures devant un écran, ce qui n’est pas sans danger.

Ce cocktail explosif d’immobilité et de sédentarité imposée peut conduire à des soucis cardiovasculaires. Pas étonnant que certains pros adoptent à leur routine des pratiques apaisantes, de relaxation ou de respiration empruntées au yoga.

L’esport exige une vraie performance physique, malgré des heures passées assis.

enjeux sanitaires specifiques

L'emprise des éditeurs de jeux

Prenez les studios comme Riot Games et Valve ont une mainmise sur les licences des jeux. Une différence majeure avec celui des fédérations sportives traditionnelles puisque l’éditeur détient l’ensemble des droits de propriété intellectuelle sur celui-ci, y compris les droits d’auteur, les marques et les dessins et modèles. Les reproduire sans leur accord est considéré comme contrefaçon pure et simple.

Prenons par exemple une liste des jeux phares du milieu avec leurs maisons d’édition :

  • League of Legends (Riot Games) : Ce jeu de type MOBA (arène de bataille en ligne multijoueur) se hisse parmi les titres les plus populaires au monde et Riot Games chapeaute les événements les plus importants.
  • Counter-Strike : Global Offensive (Valve) : Counter-Strike : Global Offensive est un FPS (jeu de tir à la première personne) culte qui structure l’esport. Valve organise des tournois majeurs à l’image des Majors.
  • Dota 2 (Valve) : Dota 2 est un MOBA tout aussi important réputé pour son gameplay ardu. Ses compétitions distribuent de gains mirobolants, comme The International, également organisé par Valve.
  • Fortnite (Epic Games) : Ce jeu de battle royale a transformé le monde de l’esport. Epic Games met en scène des showdowns épiques.
  • Overwatch (Blizzard Entertainment) : Overwatch est un FPS centré sur le travail d’équipe avec des héros aux compétences uniques et Blizzard développe sa ligue maison, l’Overwatch League.
  • Call of Duty (Activision) : Call of Duty est une série mythique de FPS très populaire avec une scène esportive active. Activision pilote la Call of Duty League.
  • Rainbow Six Siege (Ubisoft) : Ce FPS tactique est reconnu pour ses mécaniques stratégiques et ses compétitions en équipe. Ubisoft supervise les rencontres.

Cette mainmise éditoriale entre quelques jeux et leurs éditeurs soulève des interrogations sur la diversité et l’indépendance de l’esport.

emprise des editeurs de

La voie française : trouver l'équilibre entre innovation et régulation

Depuis 2016, notre pays a instauré un statut juridique dédié pour les joueurs professionnels salariés de jeux vidéo. Ce statut concerné les athlètes qui participent à des jeux compétitifs et dont le contrat est signé avec une organisation agréée par le ministère du Numérique. Ce dispositif a pour but de structurer et encadrer l’activité esportive en France.

D’après le dernier baromètre France Esports (2023), l’esport attire un public important. On recense près de 11,8 millions d’internautes de 15 ans et plus qui y montrent de l’intérêt et dont 5,8 millions sont uniquement des spectateurs de compétitions de jeux vidéo.

L’analyse établit une segmentation des divers profils de joueurs et de fans d’esport, une segmentation s’appuie sur leurs particularités sociodémographiques.

Des initiatives d’intégration de l’esport dans les parcours scolaires et sport-études sont actuellement en discussion. L’objectif ? Accompagner les jeunes talents tout en structurant la formation dans ce domaine en plein essor.

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La bataille pour la légitimité olympique

L’esport n’a finalement pas trouvé sa place aux JO de Paris 2024 et pourtant l’Arabie saoudite a réussi à décrocher l’organisation d’un événement esport majeur en 2025. Voilà qui contraste vivement avec l’absence de l’esport à l’édition française.

Le débat fait rage depuis des années entre les puristes du mouvement olympique et ceux qui prônent une nécessaire modernisation. Pour certains, il s’agirait d’un simple loisir numérique quand d’autres y voient une discipline sportive véritable. Les partisans de cette nécessaire modernisation font valoir la professionnalisation exponentielle de l’esport et son évolution en tant qu’écosystème organisé.

Signalons au passage que les partenariats avec des sponsors souvent controversés (à l’image des sites de paris en ligne) soulèvent des interrogations éthiques. Riot Games permettra désormais aux équipes League Legends Esports en Amérique et en Europe de nouer des collaborations avec des plateformes de paris agréées dès 2025.

bataille pour la legitimite olympique

L'esport de demain : vers une hybridation

Réalité virtuelle et compétitions hybrides

On voit apparaître des prototypes innovants qui combinent effort physique et univers virtuels un peu à la Zwift. La réalité virtuelle est bel et bien en train de transformer notre façon de voir donc le sport lui-même. Une simple session de 30 minutes en VR, par exemple, peut ainsi te faire brûler entre 200 et pas moins de 400 calories.

Les technologies haptiques ou biométriques modifient radicalement l’expérience de compétition. L’innovation, il faut le dire, continue de plus belle dans la VR avec par exemple une meilleure résolution d’image, un champ de vision plus large… et un retour haptique amélioré.

Tout cela rend les jeux VR plus immersifs et engageants. L’arrivée de la 5G permet quant à elle des échanges de données bien plus rapides.

Ces nouvelles formes d’esport ont des conséquences sur la façon dont le sport est perçu et reconnu.

Les technologies haptiques et biométriques révolutionnent l’expérience de la compétition.

realite virtuelle et competitions hybrides

Émergence d'un écosystème durable

Les organisateurs mettent en place des initiatives écologiques concrètes comme la compensation carbone et l’utilisation de matériel recyclable, ce qui est encourageant. C’est déjà un bon départ.

Certes, il subsiste des défis importants concernant la diversité. Il faut mettre en place des programmes spécifiques de détection dédiés aux femmes comme la LVP Fem Series car rappelons-le, l’eSport est un secteur économique porteur qui ne cesse de se développer à vitesse grand V. Des actions sont menées pour encourager les femmes à participer à travers des programmes de mentorat ou de formation.

On voit apparaître des perspectives de labellisation « sport santé » encadrée par des professionnels. Voilà une piste prometteuse pour l’avenir. 

Alors, l’esport est-il un sport ? Disons-le, la question mérite d’être posée car entre la compétition acharnée, l’entraînement intensif et des millions de fans en France et dans le monde, l’e-sport va bien au-delà du simple jeu. C’est bel et bien une discipline à part entière avec ses propres codes et ses propres enjeux. Manifestement, elle attire un public toujours plus large. Le gaming compétitif, lui, est déjà en marche et serait-il dommage de ne pas s’y intéresser ?

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FAQ

Quel est le salaire moyen d'un joueur esport ?

Le salaire d’un joueur esport est très variable. En effet, il dépend de son niveau, du jeu pratiqué et de la notoriété des tournois auxquels il participe car ses sources de revenus (tournois, sponsors, streaming, contrats d’équipe) entrent aussi en ligne de compte. Les jeux les plus lucratifs sont les MOBA (League of Legends, Dota 2) et les FPS (Counter-Strike, Call of Duty).

Un joueur de haut niveau sur un jeu populaire comme Counter-Strike peut gagner plus de 350 000 € par an. Un joueur de niveau moyen peut toucher entre 2 000 € et 155 000 €. Même à un niveau plus bas, les revenus peuvent varier de 5 000 € à 50 000 € par an. La clé est souvent de combiner performances en tournoi, contrats de sponsoring et revenus de streaming.

L’esport offre des avantages notables comme le développement de compétences personnelles (discipline, persévérance, gestion du stress). Il permet aussi d’améliorer l’estime de soi et de promouvoir des valeurs sociales telles que l’inclusion et le respect mutuel. La coordination et la collaboration sont essentielles renforçant ainsi la solidarité et le fair-play.

Cependant, il existe aussi des inconvénients. Les risques pour la santé incluent la fatigue oculaire, les troubles musculo-squelettiques et la sédentarité. La pression et le stress liés à la compétition peuvent impacter la santé mentale. De plus, il existe un risque d’addiction, un coût élevé des équipements et un manque de diversité dans ce domaine.

Devenir un joueur esport professionnel exige passion, motivation et un entraînement rigoureux. Il faut choisir un jeu adapté, s’immerger dans sa communauté et développer son image. Un équipement de qualité et un entraînement régulier sont indispensables pour progresser.

Rejoindre une équipe d’esport et participer à des compétitions permet de gagner en expérience et de se faire remarquer. Adopter un rythme de vie sain et maintenir un équilibre mental sont également cruciaux pour performer durablement.

Plusieurs équipes françaises se distinguent sur la scène esportive. Team Vitality est une équipe de premier plan, notamment sur Counter-Strike: Global Offensive (CS: GO). Karmine Corp est également très performante, particulièrement sur Rocket League.

Team BDS se démarque sur Rainbow Six: Siege. D’autres joueurs français brillent individuellement, même au sein d’équipes internationales, comme Paco « Hydra » Rusiewiez (Call of Duty) et Steven « Hans Sama » Liv (League of Legends).

L’impact environnemental de l’esport est un sujet de préoccupation croissante. L’industrie, axée sur la croissance, consomme beaucoup d’énergie pour alimenter les consoles et les tournois. Les événements physiques génèrent des déplacements massifs de joueurs et de spectateurs, souvent par des moyens de transport polluants.

De plus, les événements esport nécessitent une dépense matérielle et énergétique importante pour l’éclairage, la mise en scène et la diffusion si bien que le passage au « cloud gaming » pourrait aggraver la situation car il repose sur des centres de données énergivores majoritairement alimentés par des sources non renouvelables.